Réflexions sur une double transfiguration cognitive en pragmatique

Bruno Ambroise

Résumé


L’article se propose de revenir sur l’histoire de la pragmatique, en tant que discipline issue de la philosophie et désormais intégrée aux sciences du langage, pour y saisir un mouvement conceptuel de transformation problématique : passant d’une analyse des conditions concrètes – matérielles et socio-institutionnelles – de la parole, la pragmatique en est venue à se concentrer sur les déterminants cognitifs de celle-ci. En se focalisant sur deux aspects pragmatiques de la parole : la performativité (ou l’action du discours) et la présupposition, l’article essaie de montrer que, sur ces deux aspects, l’analyse pragmatique en est venue à se concentrer sur les croyances et intentions du locuteur plutôt que sur les conditions réelles de sa parole.
En s’appuyant sur cette esquisse d’une histoire conceptuelle de la pragmatique, l’article soutient l’hypothèse que la pragmatique a ainsi participé au mouvement plus global de la révolution cognitive qui a affecté la philosophie d’abord puis les sciences humaines ensuite pour culminer dans l’essor des sciences cognitives, auxquelles elle tend désormais à s’associer. L’article entend alors montrer que cette transfiguration cognitive des problématiques initiales ne se fait probablement pas sans perte conceptuelle, en ce que les phénomènes initiaux auxquels s’était consacrée la pragmatique se trouvent en grande partie vidés de leur substance au terme de cette reconfiguration problématique. En ce sens, la pragmatique risque de perdre une partie de son intérêt explicatif.


Mots-clés


pragmatique; sciences du langage; sciences cognitives

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